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« Bravest Journey », un manga fantasy signé Yoann Le Scoul (e-artsup promo 2015) !

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« Bravest Journey », un manga fantasy signé Yoann Le Scoul (e-artsup promo 2015) !

Yoann Le Scoul

« Dans le village reculé de Rock Path, les jours paisibles se ressemblent pour Jubei, un jeune épéiste en manque d’aventure. Mais un jour, son grand-père, Donovan, un puissant Sinister, tombe gravement malade. Jubei alors décide de partir à la recherche d’autres Sinisters capables de l’aider… » Voici, en très résumé, le début du premier tome de « Bravest Journey », un manga signé Yoann Le Scoul (e-artsup promo 2015) ! Sorti officiellement ce 6 juillet aux éditions H2T, ce titre purement fantasy mérite que l’on s’y attarde, d’autant plus si l’on aime les aventures truffées d’humour, d’action et de magie. En attendant de pouvoir suivre les prochaines aventures de Jubei, e-artsup est allé à la rencontre de cet Ancien à la fois dessinateur et scénariste.



Quel a été votre parcours après e-artsup ?

Yoann Le Scoul : Il se trouve qu’assez rapidement après l’école, en 2016, j’ai rencontré mon éditeur pour justement commencer à parler de mes projets. En parallèle, avec mon collègue Jonas Kaloustian (e-arstup promo 2011), nous avons fondé Wareware, un studio de jeu vidéo avec lequel nous avons mené un certain nombre de projets. Même s’il a fermé ses portes depuis peu, Wareware a été pour nous une très bonne expérience dans le monde du jeu vidéo puisqu’il était focalisé sur la création de jeux indépendants et de licences, ce qui était assez ambitieux.


Comment s’est faite cette rencontre avec votre éditeur ?

De manière un peu impromptue ! En effet, à une époque où il ne s’intéressait encore pas qu’au manga, il avait pour attitude de suivre les différents concours de bande dessinée, comme celui des 24h de la BD auquel je participais souvent. Un jour, après être tombé sur mes réalisations, ainsi que sur des planches de création de personnages que j’avais faites pour du jeu vidéo, il m’a contacté pour me demander s’il y avait des choses qui pouvaient m’inspirer pour construire une narration. J’ai réfléchi et suis revenu assez rapidement vers lui avec un pitch et des idées de personnages. On a alors commencé à réfléchir ensemble à une histoire, que l’on a « refondue » juste avant la Covid-19 : c’est ce qui a donné ce « Bravest Journey » que l’on peut lire aujourd’hui !


Quel est votre rapport au manga ? Êtes-vous un grand lecteur ?

Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai commencé avec les animés diffusés à l’époque du « Club Dorothée », soit « Les Chevaliers du Zodiaque », « Dragon Ball Z », « Ranma ½ », etc. J’ai toujours été attiré par cette esthétique et ce langage qui sortaient un peu des carcans de la bande dessinée franco-belge – que j’adore aussi par ailleurs. J’ai ensuite lu pas mal de mangas, au primaire, au collège, au lycée… et j’ai commencé à dessiner en parallèle. Je n’ai jamais vraiment arrêté depuis !



Cette envie de sortir votre propre BD/manga, elle remonte à loin ?

C’est toujours resté en toile de fond, y compris quand, avant de rejoindre e-artsup, j’ai fait une préparation aux arts plastiques et une année à l’Institut Saint-Luc Tournai en arts graphiques. Je me demandais déjà si j’allais pouvoir un jour m’épanouir dans la bande dessinée, l’animation ou le jeu vidéo, trois passions assez dominantes chez moi. Cela ne m’a pas quitté à e-artsup, où j’ai pu aussi acquérir d’autres compétences périphériques : j’avais encore dans un coin de ma tête l’idée d’utiliser toutes mes nouvelles connaissances amassées pour maturer des projets de cette nature.


Vous aviez d’ailleurs réalisé un premier essai avec « Full Black », en 2015.

« Full black » était, à l’origine, mon Grand Projet de fin d’études à e-artsup. J’en avais fait un vrai projet transmédia, avec une création de licence se déployant sous différentes formes : un manga (qui sera édité uniquement en numérique via l’éditeur Oktoprod), une série d’animation et un jeu vidéo. C’était un prototype qui m’a permis vraiment de voir comment aborder le manga de cette manière et comment m’investir dans une vision totale en incorporant plusieurs éléments et explorant plusieurs pistes de réflexion. En fait, j’avais vraiment conçu « Full Black » comme vraiment une sorte de multivers bien avant que ce terme ne se démocratise ! Et l’une des ramifications de « Full black » m’avait amené justement à un projet de jeu vidéo, « Brave Mercenaries », qui avait tapé dans l’œil de mon futur éditeur. Il portait tout un univers de pouvoirs spéciaux cachés dans des tours et m’a beaucoup inspiré quand j’ai commencé à plancher sur les contours du monde de « Bravery » et « Bravest Journey ».


Parmi vos influences côté manga se trouvent Akira Toriyama (« Dragon Ball ») et Eiichiro Oda (« One Piece »). Or, ces deux auteurs symbolisent très bien les deux écoles de mangakas, avec d’un côté ceux qui construisent leur univers au fur et à mesure et de l’autre, ceux qui ont une trame complète, une vision globale en tête dès le départ du récit. Vous semblez faire partie de la seconde école, non ?

C’est vrai que ce sont deux écoles très différentes. Toriyama ne se pose pas vraiment la question de ce qu’il va faire plus tard : il fait pour faire. Tandis qu’Oda, lui, s’en pose énormément et déroule petit à petit son récit. Et, effectivement, je suis plutôt dans cette optique même si, auparavant, j’ai aussi essayé de composer au fil de l’eau, en impro, ce qui fait d’ailleurs écho à une tradition bien française que l’on peut retrouver dans le théâtre, le cinéma et même la BD. Mais je ne m’y suis pas vraiment retrouvé. Je préfère d’abord concevoir mon univers, faire du « world building », être plus organisé, voire peut-être un peu plus « scolaire » au début pour en dessiner les contours afin d’ensuite être davantage force de proposition et pouvoir raconter une histoire dans cet univers.



Revenons-en à « Bravery », le préquel de « Bravest Journey », sorti gratuitement en ligne juste avant la Codiv-19. Son format, le DiViNa, est assez inhabituel…

Ce qui est intéressant avec ce projet, c’est qu’il est arrivé sur la table après une discussion purement technique entre l’European Digital Reading Lab (EDR Lab), soit un consortium de l’édition, Hachette Digital et un autre consortium, dédié à la BD internationale. Leur idée était de créer un format numérique qui puisse permettre le plus d’élasticité possible dans la lecture, quitte à sortir des carcans de la BD pour reprendre des codes de l’animation et du jeu vidéo. Pour mettre au point un projet prototype, c’est finalement H2T, le label de création original de mangas de Pika Editions, qui a été sollicité. On s’est alors tourné vers moi car j’avais un profil déjà assez calé sur des problématiques de développement : même si j’allais créer le contenu visuel, il était intéressant pour eux que j’ai des connaissances et une compréhension globale sur l’organisation d’un tel projet finalement assez technique. Florian Dupas de la société Kwalia a alors créé le format DiViNa (DIgital VIsual NArrative) : il propose une lecture dynamique permettant aux lecteurs d’avoir des transitions, des images qui s’affichent au fil de l’eau, des animations dans les cases, mais aussi d’autres fonctionnalités potentielles, comme l’ajout de sons par exemple. Florian et moi nous sommes donc concentrés sur une première version avec quelques fonctionnalités, pour montrer que le format était agréable à la lecture et que le code du format servait la narration.


Aujourd’hui, « Bravest Journey » est enfin disponible. Pour un auteur, ça fait forcément quelque chose de pouvoir tenir un exemplaire entre ses mains, non ?

Oh oui ! C’est peut-être sentimental, mais rien que d’avoir l’objet devant soi et de pouvoir le voir dans les librairies est extrêmement gratifiant. Ce n’est pas comparable aux projets en autoédition que l’on peut faire en tant qu’étudiant par exemple… Se dire que des gens vont s’arrêter devant, le feuilleter, l’acheter et l’apprécier, ça fait son petit effet !


Combien de temps de travail cela représente-t-il ?

Entre la conception du dossier remis à mon éditeur, toute la recherche graphique, de mise en scène et d’élaboration scénaristique, sans oublier la concrétisation des planches, ça représente environ un an et demi de travail. C’est le temps nécessaire pour lancer ce premier tome, mais aussi enclencher un « pipeline » de travail pour planifier ensuite la réalisation des tomes suivant. Par exemple, tandis que le premier tome vient de sortir, le tome 2 est, lui, déjà prêt.



Parlons de l’histoire de « Bravest Journey ». Vous avez fait le pari de la fantasy. Pour quelle raison ?

J’ai toujours été attiré par des jeux vidéo du type RPG, dans un univers médiéval/fantasy, à l’image de la saga « Final Fantasy » ou de « Golden Sun », des classiques du genre, mais ce n’est pas la seule raison qui m’a amené à ce choix. En effet, je voulais avoir dans « Bravest Journey » des paysages essentiellement constitués de nature et trouvais intéressant l’idée que les personnages puissent passer d’un environnement à un autre, de zones très rocailleuses à des forêts, des plaines et, bien sûrs, des villes de temps en temps. Or, dans ces RPG, l’exploration joue un rôle essentiel. Les monstres apparaissent aussi logiquement dans la narration, tout comme les éléments magiques. Cela fait sens.


Concernant votre style graphique, on retrouve des clins d’œil à Akira Toriyama, avec des inspirations autour des jeux « Dragon Quest », voire même des similitudes entre la coiffure du personnage principal et celle de Tapion, présent dans un film de « Dragon Ball Z ». C’est voulu ?

Forcément, Toriyama fait partie de mes influences graphiques, même si j’ai parfois dû le refouler dans ma façon de dessiner par le passé, alors que c’est quelque chose qui vient finalement assez spontanément chez moi et que j’assume davantage aujourd’hui. Mais j’ai aussi été beaucoup inspiré par Oda et « One Piece », avec cette idée d’avoir des choses visuellement simples et des mises en scène très fortes, que je trouve très efficaces. J’ai aussi des inspirations plus récentes, comme « Seven Deadly Sins » de Nakaba Suzuki, une vraie claque. Impossible non plus de ne pas mentionner le talent de Yusuke Murata, avec « Eyeshield 21 » ou « One Punch Man », même si je ne prétends pas atteindre le même niveau graphique que lui. Il fait partie de ces personnes qui, d’un point de vue cinématographique et de la mise en scène, sont très intéressantes à étudier.


La plupart des mangakas célèbres ont souvent des assistants. Vous, vous faites tout de A à Z, du scénario au dessin.

C’est vrai. Je me suis souvent posé la question de travailler avec un scénariste pour m’occuper uniquement du dessin ou de faire l’inverse. Mais si cette logique fonctionnait très bien à l’époque de WareWare avec Jonas, lui s’occupant davantage du Game Design, du développement et du scénario tandis que je m’occupais du reste, cela ne me convient pas tellement au niveau de la bande dessinée et du manga. J’aime cette casquette de réalisateur et prends vraiment beaucoup de plaisir à mettre en forme l’ensemble. Je veux que l’action se déroule d’une certaine manière et me demande toujours pourquoi et ce qui va se dérouler ensuite. Je suis toujours en train d’écrire et de dessiner. J’aime bien comment Émile Bravo, un auteur de bande dessinée, décrit justement le faire de faire un storyboard : il appelle ça « l’écriture dessinée ». Cela correspond bien à ma vision. C’est une appropriation totale du format.


Enfin, rêveriez-vous de voir un jour « Bravest Journey » être traduit au Japon ?

Ce serait un vrai plaisir, tout comme pouvoir un jour, qui sait, l’adapter en animation ! De toute façon, le rêve est déjà accompli du fait d’avoir déjà pu sortir le manga et de pouvoir rencontrer des gens contents du premier tome lors de dédicaces. C’est déjà une belle réalisation !


Retrouvez Yoann Le Scoul sur son site Internet et les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn, Twitch, Twitter et YouTube)

Découvrez un extrait de « Bravest Journey » sur le site des éditions H2T

Découvrez également « Bravery », le préquel de « Bravest Journey », gratuitement sur le site des éditions H2T