À e-artsup, il n’est pas rare de voir certains Grands Projets d’étudiants continuer à vivre et à grandir bien après la fin du cursus. C’est le cas de Pierrot, un projet de « textiles bio, illustrés & solidaires » initialement porté par Julianne Le Floch (promo 2017) lors de sa 5e année. Depuis rejointe dans l’aventure par son compagnon Pierre-Emmanuel Bosc, cette Ancienne vient ainsi de créer l’entreprise Pierrot et de lancer en parallèle une campagne de crowdfunding pour aider le duo à installer son activité sur l’île de la Réunion dès le mois de janvier 2022.
Produire des t-shirts et pulls en coton bio en cycle court, illustrés grâce au talent de Julianne, et dont une partie du fruit des ventes sera reversée à l’association Grandir Ailleurs qui aide les enfants des rues à Madagascar : tel est le beau défi aussi graphique qu’éthique que s’est lancé ce duo en fondant Pierrot. Un défi qui s’accompagne aussi d’un changement de vie puisque Julianne et Pierre-Emmanuel ont également décidé de partir s’installer à La Réunion pour réaliser leur rêve. Rencontre avec deux créateurs-entrepreneurs plus que motivés !
Pierre-Emmanuel et Julianne
À la base, Pierrot était un Grand Projet de fin d’études. Est-ce que l’entreprise aujourd’hui reste fidèle à ce qu’il était ?
Julianne Le Floch : Le projet a un peu évolué depuis ! Certes, il s’appelait déjà Pierrot, concernait le textile et portait sur l’économie sociale et solidaire – c’était même l’objet de mon mémoire –, mais son idée était de pouvoir produire des sacs à dos pour que, à chaque exemplaire vendu, un autre sac soit offert à un enfant de Madagascar pour lui permettre de transporter ses affaires scolaires. Désormais, Pierrot est devenue une véritable entreprise sociale et solidaire, qui produit des vêtements en textile bio ainsi que des sérigraphies. Ainsi, Pierrot ne va pas fournir pas de sac à dos, mais reverser une partie de ses bénéfices à une association de Madagascar qui aide les enfants des rues sur place.
Qu’est-ce qui fait qu’en 2017 cette démarche solidaire te parlait déjà ?
Julianne : En fait, je m’y intéressais avant et, pour mon stage de 4e année à e-artsup, j’avais justement choisi de rejoindre l’association Grandir Ailleurs à Madagascar. Une super expérience qui a ensuite nourri mon projet de fin d’études. Par la suite, de fil en aiguilles, j’ai continué à faire murir Pierrot avec la même envie. Et quand le projet s’est précisé, avec aussi l’idée de le monter à La Réunion, j’ai naturellement eu envie de retravailler avec Grandir Ailleurs.
Pierre-Emmanuel Bosc : Nous leur reverserons 5 % des ventes du textile – t-shirts, pulls et tote bags – et 10 % des ventes des illustrations sérigraphiées ou imprimées sur du joli papier ! Et si Pierrot marche bien, le but est aussi de pouvoir augmenter encore ces pourcentages à l’avenir.
Parlons de ce nom, Pierrot. Il fait référence à Pierre-Emmanuel ?
Julianne : Non, pas du tout ! (rires) C’est une coïncidence car nous nous sommes rencontrés après !
Pierre-Emmanuel : Mais comme cela tombait bien, on a décidé de garder le nom ! (rires)
Julianne : À l’origine, Pierrot fait référence à Pierrot la lune, aux sucettes Pierrot Gourmand et à la chanson de Renaud. Quant au logo, c’est un petit colibri qui fait écho à une petite légende amérindienne que Pierre Rabhi a beaucoup racontée.
Quand a eu lieu le déclic pour vous inciter à lancer l’entreprise ?
Pierre-Emmanuel : Nous avions déjà l’envie de monter une boite ensemble, notamment dans le textile car c’est un domaine qui nous plaisait à tous les deux, mais c’est vraiment lors d’un voyage que nous avons fait ensemble à La Réunion en début d’année que tout s’est déclenché. Sur place, nous en avons profité pour arpenter les marchés de différentes communes et nous dire que l’on pourrait très bien se lancer en commençant par vendre nos collections sur les marchés là-bas, à Saint-Denis au début pour se faire connaître, mais surtout sur les marchés de Saint-Pierre, Saint-Joseph, Saint-Leu et Saint-Gilles.
Julianne : La Réunion, que l’on a vraiment adorée, c’était également l’idéal pour sa proximité avec Madagascar.
Quels sont vos rôles au sein de Pierrot ?
Julianne : Je suis la dessinatrice : c’est moi qui vais réaliser toutes les illustrations sur nos textiles !
Pierre-Emmanuel : Moi, je m’occupe plus de l’aspect commercial. Au départ, je suis paysagiste-élagueur de métier, mais j’ai toujours aimé le commerce, la vente et, surtout, le contact humain et les gens ! J’ai déjà pu faire pas mal de marchés par le passé,
Comment peut-on définir les collections de Pierrot ?
Julianne : Mon technique de dessin, c’est le pointillisme. Quant aux dessins en eux-mêmes, ils reposent essentiellement sur les animaux et la nature, souvent avec un jeu de mots associé. C’est d’ailleurs une autre différence avec le projet d’origine, qui n’était pas spécialement axé sur les illustrations. Ce côté dessin est arrivé au fur et à mesure. Il se nourrit aussi de mes autres expériences, comme le tatouage que j’ai pratiqué entre temps.
Que va permettre votre campagne de crowdfunding ?
Pierre-Emmanuel : Ce palier de 3 000 euros va nous permettre de financer notre première collection – qui coûte environ 2 200 euros à produire –, mais aussi de nous équiper pour commencer notre acticité sur les marchés. Bien entendu, on va avoir besoin de plus, mais on a aussi des économies de côté pour se lancer dans l’aventure – j’ai passé trois mois à vendre du fromage et des olives sur le marché à Dijon ! (rires) Et quoi qu’il arrive, on partira dès janvier s’installer à La Réunion pour démarrer Pierrot.
Julianne : Dans l’idéal, on souhaite aussi pourvoir financer plus tard la création de notre site Internet, l’achat d’une remorque, etc. Mais cela, ce sera dans un second temps. Pourquoi pas aussi pouvoir plus tard vendre également nos produits dans certaines boutiques sur l’île !
Pierre-Emmanuel : On pense aussi produire de futures collections en lien avec La Réunion.
Julianne : Des volcans, des tortues, des requins, des dodos…
Comment allez-vous produire vos vêtements ?
Pierre-Emmanuel : Nous avons déjà imprimé une trentaine de t-shirts avec un ami pour la campagne de crowdfunding et cela m’a motivé à me lancer moi-même dans la sérigraphie. Quand on aura gagné un peu d’argent, on investira sûrement dans du matériel pour en faire nous-mêmes, directement. C’est un côté artisanal qui me plaît beaucoup.
Julianne : Nous sommes aussi déjà en contact avec des fournisseurs locaux de coton bio, dont un à Madagascar qui nous intéresse beaucoup et qui pourra sans doute commencer à travailler avec nous à partir de juin 2022.
Pierre-Emmanuel : Notre but n’est vraiment pas d’acheter nos t-shirts en Chine ou en Inde, mais de privilégier le circuit court, en particulier avec Madagascar !
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